vendredi 25 septembre 2015

Sébastopol



la mer à Sébastopol, tableau de Bato Dougarjalov

Quand je serai partie, tout ceci
N’aura plus la même importance
Loin du passé, j’aurai fini
De plier ma lointaine enfance…

Celle des photos, des disparus
Des souvenirs de la vraie France
Des doux instants du temps perdu
De la mer et puis des vacances
Des cousines et des cousins
Des jolies tantes envolées
De nos joies et de nos chagrins
Qu’emportent au loin les nuées…

Je serai loin, je serai seule
Devant cette mer orientale
Et n’ouïrai plus grincer les meules
Qui broient ma patrie puis l’avalent.

A Sébastopol, sur la grève,
Face au Turc, avec les cosaques,
J’effeuillerai mes derniers rêves
A l’ombre de l’ultime attaque.

Saurai-je enfin faire mon deuil
De la France et de la Russie
De tout ce qui nourrit ma vie,
Avant de m’étendre au cercueil ?

Et ne plus taquiner la Muse
Qui n’entend pas les langues mortes
Me taire au seuil de cette porte
Par où déjà les rayons fusent ?

Aspirer au départ prochain
Pour cette patrie des chrétiens
D’ici, d’ailleurs et d’au-delà
Qui ne connaît pas d’autrefois ?

Pas d’autrefois et pas de fin
Ni destructions et ni massacres
Mais l’éternel et blanc matin
Du présent drapé dans Son sacre…

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