vendredi 19 septembre 2014

L'orée des flots



Partir, repartir, encore, toujours…
Non, plus maintenant
Car c’est à présent
La fin de mes jours
Qui commence
Dernières vacances
Sur la plage vide
On fait les cent pas
Les cent heures,
Les cent mois
Et les vagues alentour
Portent et dispersent ceci, cela
Un portrait, un objet, le chien, le chat…
Et butent sur mon cœur et butent encore,
Cognent et se retirent…
Tant va le cœur aux larmes, 
qu’à la fin, 
il se brise.

II

Dans le sel de ses larmes
 La sirène trouva son âme
Je le sus tout enfant
Et pleurai soixante ans.
Dérivant dans la barque sans rames
Que fut ma vie et cette âme
Sans trêve allait  croissant,
Donnant ses fruits amers
Solitaires et brillants
Sur l’écume du temps
S’en va les ramassant
L’ange aux vêtements clairs
Qui me suit pas à pas
Et disparaît parfois.

Ou bien je perds sa trace dans le brouillard béant
Des pensées affolantes, des soucis tournoyants
Ah mon Dieu ce chemin si rapide et si lent
Qui va d’hier jusqu’à demain, grignotant le présent !





Oiselles de mauvais augure






Tapis dans leurs bureaux, de vieux démons sournois
Les envoient parmi nous, mégères dépoitraillées,
Insulter nos martyrs, profaner notre foi
Jetant à tous échos leurs clameurs éraillées,
Succubes éhontées, subalternes catins
Qui s’en vont salissant tout le genre féminin.
Et nous les font passer pour de fières héroïnes
Des satrapes vendus aux mines constipées
Qui bradent leur pays et méditent sa ruine
Derrière les faux discours, les écrans de fumée.
Diligents, les propagent de grands bonimenteurs
S’engraissant de la chair pourrie du déshonneur,
Nous donnant pour emblème en ces prostituées,
Le vice et le mensonge, l’intrigue et le scandale
Dont la foule inconsciente et bien conditionnée
Ne peut plus discerner la direction fatale.


L’hymne national








Aux vibrants échos d’or de l’hymne national,
Il ne peut plus celer ses larmes débordantes
A quoi songe-t-il donc en ce moment fatal
Où gronde le fracas de la guerre approchante ?

Au faîte du pouvoir dans ce vaste pays
Dont les béantes plaies n’ont pu cicatriser
Il voit s’en approcher l’inlassable ennemi
Qui vient vociférant encore le provoquer
Il voit que cette fois tous les coups sont permis
Et qu’on mettra le prix pour enfin l’achever.

Il pleure en écoutant l’hymne de la Russie
Ceux-là ne pleurent pas, car depuis bien longtemps
Ils n’ont d’autre patrie que celle de l’argent
L’argent sale et fantôme qui se nourrit de sang.
Intrigues et mensonges, meurtres et calomnies
Sont l’infâme ordinaire des valets de l’enfer
Qui  vomissent la mort de leurs bouches de fer

On dit que vous priez, monsieur le président,
Vous priez comme un roi, sur les confins du  temps.
De vous et de nous tous, que Dieu prenne pitié
Et descende en sa gloire enfin vous couronner
Sur les grands vitraux bleus de son éternité
Où l’archange de feu prend enfin son élan.

jeudi 18 septembre 2014

Lune confuse






















Le miroir de la lune n’ose plus refléter
Les ténèbres rougies de nos atrocités
Que tout l’azur du ciel ne peut dissimuler
Et l’on voudrait pourtant penser à autre chose
Prendre le temps béni de voir pousser les roses...
Mais tous ces corps meurtris, ces débris  calcinés,
La spirale aspirant l'écume de nos vies
Crient dans la nuit venue que tout est terminé.
La fête qui semblait devoir toujours durer,
La fête illusoire, la voilà bien finie
Et ses ordonnateurs laissant tomber le masque
Sous les folles clameurs des foules ahuries,
Agitent glapissants le fusil et le casque
Le drapeau, la patrie qu'ils ont pourtant honnie
Qu'ils ont pourtant trainée dans le sang et la boue
Et qu'ils fourrent à présent dans tous leurs mauvais coups.
Démons, goules, vampires, bandits, putains, valets
Qui partout sur la terre allument des brasiers
Pour y changer en or leur monnaie de papier,
Les voilà tous dansant sur nos tombes futures.
Et l’unique chose dont je puis être sûre
C'est qu'à leur bal maudit, je n'irai pas valser
Sans doute je mourrai, mais sans avoir chanté
Les louanges du diable et de ses diablotins
Qu'encensent bégayant tous ces tristes pantins.




L’écho secret des massacres



 













Dans notre ciel encore paisible
Que ne griffe pas la ferraille
Ces cris nous demeurent inaudibles
Mais leurs ombres, vaille que vaille
Atteignent déjà nos murailles

Voilà qu’arrive l’impossible
Ces cohortes épouvantées
Devant le fracas des armées
Et ces nuages invisibles
Depuis ces villes écharpées
Sont pleins de présences terribles
Que vous nous avez déchaînées
Dévoués valets des ténèbres
Malfaiteurs puissants et célèbres
Aux âmes déjà remplacées
Par ceux qui vous les ont volées.

A vos furieux glapissements
Nous n’avons rien à opposer
Que des prières et de l’encens
Et l’éternelle vérité
Qui souffle et passe et qui murmure

Balayant votre pourriture.