mardi 28 mai 2013

Tempête en décembre

Sur la route de Iaroslavl acrylique de l'auteur


Tornade de neige, livide, véhémente,

 Titubante et penchée dans tes lourds drapés d’ombre,

Torse et gigantesque écroulement,

Vapeur ascendante et glaciale,

De quel grand corps céleste es-tu l’épiphanie ?


Roche d’air suspendue dans l’air gris qui bascule

O traîtres degrés blancs qui butent dans la nuit,

Etrange construction des glaces somnambules

Qu’érige un vent d’hiver, machinal et transi.


Je te voyais passer sur les forêts figées

Et je t’aurais suivie, je me serais perdue

Dans tes plis erratiques et dans tes fulgurances,

Sans plus de pesanteur ni  plus de consistance,

Un regard …

Nu, grand ouvert, absorbant, un abîme.

Et sur la route, les phares.


Et ce jour-là

D’un bout à l’autre du soir

Cet arc orange sur le trajet des phares,

D’un bout à l’autre du soir, ce corps noir et tordu,

D’un nuage effondré, la face colossale

Suspendue sur les champs,

Aveugle,

Face de roc et d’encre,

De chocs, de cendre

Sourdes traînées

Brunes et bleues.


Et les phares.

 Les phares réguliers

Sous la très haute nuit

Qui brassait les flocons dans le lait des étoiles.
Pierrelatte 2013