jeudi 13 juin 2013

Bilan




Je fus belle autrefois et n’en ai point usé

J’ai traversé la vie sans jamais m’arrêter

Etrangère et nomade, et n’ayant pour richesse

Que mon cœur épanché qui perdait ses largesses.


Tout l’or de mes talents, je ne sus le placer

Comme un enfant jouant sans en savoir le prix,

Ne sachant qu’en faire, ni sur lequel miser,

Je vais vers le Seigneur sans avoir rien appris.


Je poussais ça et là comme la fleur des champs

Vivace et fantasque, sous le soleil ardent,

En quête des nuées toujours renouvelées

Que bousculait le vent dans sa course hébétée.


Mais c’est peut-être ainsi qu’à force j’ai suivi

Le fil de l’or secret dans la trame des jours,

Qui composait pour moi la face de Celui

Dont je cherchais la trace au gré du temps qui court.


Tout au fond de mon âme il se tenait patient

Comme la braise rouge au fond du foyer noir

Attendant d’éclairer du feu blanc de l’espoir

Le chemin qu’il ouvrait sous mes pas hésitants.


Laurence Guillon 2013




Passager clandestin




Mon pauvre vieux chat roux

Comme un mari jaloux

Guette mon oreiller

Quand je vais me coucher.


Difforme et décharné,

Mais toujours passionné,

Il s’éteint sans recours

Un peu plus chaque jour.


Je le vois et ne puis

Retenir mon ami

Je ne puis que veiller

Sur son dernier été.


Mon pauvre vieux copain

Si tendre et si câlin

Je t’emporte en mon cœur

Avec tous mes bonheurs.


Passager clandestin

De mon dernier voyage

Mon amoureux félin

Fait partie des bagages.


Laurence Guillon 2013