jeudi 24 août 2023

Le triomphe des nains


 

Partout va s’infiltrant la laideur rampante

Du prince de ce monde aujourd’hui triomphant.

Partout s’en vont rôdant les démons qui nous hantent

Et plus rien ne demeure de la beauté d’antan.

 

Des anciennes splendeurs nos esprits sont déserts,

Froides cryptes privées de ces secrets trésors

Que nous ont dérobés tous ces êtres pervers,

Venus en ricanant pour nous jeter dehors.

 

Dehors de nous-mêmes, de nos âmes vendues,

Nous tenant prisonniers au filet noir des rues,

Dans des villes fermées qui perdent la mémoire,

La forme et la beauté qu’avaient léguées l’Histoire

Aux descendants hagards des anciens bâtisseurs.

 

Rien de glorieux ici, tout est sale et boueux,

Tout se passe en coulisse au delà des mots creux.

Les étendards dorés, les épées de lumière,

N’ont plus cours ici bas, dans cette vile guerre. 

 

Mais l’oeil du lac profond me prend dans son regard,

Ouvert sur l’infini, sur les astres penchés,

Entre le plat présent et les gouffres passés,

Nous n’avons plus de cher que les cris du hasard.

Je scrute les reflets aux tréfonds du miroir,

De sa mémoire lisse aux fantômes sévères :

Les guerriers disparus qui, sur un fond d’icône,

Défilent dans la pourpre et l’or des feux solaires,

Se perdant au delà de cette étrange zone

Où le ciel avec l’eau se confond en saignant.

 

Le triomphe des nains pue l’acide et la gnôle,

Se parant de couleurs qui n’ont pas lieu chez nous,

Jouant à grands fracas de bien sinistres rôles

Dont les âmes perdues suivent sans garde-fous

Les délires clinquants dans la nuit sans matin

Et reniant hier, n’ont plus de lendemain.

 

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