Partout va s’infiltrant la laideur
rampante
Du prince de ce monde aujourd’hui triomphant.
Partout s’en vont rôdant les démons
qui nous hantent
Et plus rien ne demeure de la beauté
d’antan.
Des anciennes splendeurs nos esprits
sont déserts,
Froides cryptes privées de ces
secrets trésors
Que nous ont dérobés tous ces êtres
pervers,
Venus en ricanant pour nous jeter
dehors.
Dehors de nous-mêmes, de nos âmes
vendues,
Nous tenant prisonniers au filet
noir des rues,
Dans des villes fermées qui perdent
la mémoire,
La forme et la beauté qu’avaient
léguées l’Histoire
Aux descendants hagards des anciens
bâtisseurs.
Rien de glorieux ici, tout est sale
et boueux,
Tout se passe en coulisse au delà
des mots creux.
Les étendards dorés, les épées de
lumière,
N’ont plus cours ici bas, dans cette
vile guerre.
Mais l’oeil du lac profond me prend dans
son regard,
Ouvert sur l’infini, sur les astres
penchés,
Entre le plat présent et les
gouffres passés,
Nous n’avons plus de cher que les
cris du hasard.
Je scrute les reflets aux tréfonds
du miroir,
De sa mémoire lisse aux fantômes
sévères :
Les guerriers disparus qui, sur un
fond d’icône,
Défilent dans la pourpre et l’or des
feux solaires,
Se perdant au delà de cette étrange
zone
Où le ciel avec l’eau se confond en
saignant.
Le triomphe des nains pue l’acide et
la gnôle,
Se parant de couleurs qui n’ont pas
lieu chez nous,
Jouant à grands fracas de bien
sinistres rôles
Dont les âmes perdues suivent sans
garde-fous
Les délires clinquants dans la nuit
sans matin
Et reniant hier, n’ont plus de
lendemain.
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