Silencieuse,
effacée, humble, mal fagotée
On
la voyait parfois sourire aux anges vus
D’elle
seule, dans l’ombre où des lueurs dorées
Glissaient
sur le cours lent des psaumes tant relus
Par
de paisibles voix. Mais voici qu’aujourd’hui,
Debout
devant le père, elle recevait l’habit.
Il
lui poussait soudain de grandes ailes noires
Qui
la portaient, fervente, un cierge entre les mains,
Et
la voyant si belle on avait peine à croire
Que
ce fut là vraiment son choix que ce destin,
Car
jamais ne parut de radieuse épousée
Resplendir
autant qu’elle en sa sombre voilure
Qui
portait en ses plis sa brillante figure,
Ainsi
qu’un pain béni de lisse pâte ornée,
Et
la fleur épanouie du cierge en ses mains blanches
Comme
une frêle étoile en la nuit qui s’épanche.
Dehors
sur le grand ciel, une lune aveuglante
Jetait
des feux inquiets sur les astres épars.
Et
de sourdes nuées courant de toutes parts
Mordaient
le vide bleu de leurs gueules béantes.
C’était
au firmament grandiose et ténébreux
Trop
de lumière vive et de noir mouvement,
La
froide frénésie des démons impudents
Qui
venait obscurcir l’orbe effarée des cieux.
Et
mon cœur se serrait devant cette splendeur
Inhumaine,
terrible et soudain je pris peur.
Notre
fragile église au tréfonds de la nuit,
Abritait
en ses flancs la dernière lueur
Les
derniers oiseaux blancs des mystères enfuis
Les
derniers souvenirs des anciennes ferveurs
La
secrète promesse avant les temps maudits
De
guerre et d’injustice et de profond malheur
De
l’aube irrésistible et du jour épanoui.
…
Au
firmament d’été, l’étoile de Noël
Au
bout de deux mille ans s’en revenait briller
Et
je guettais le soir dans le gouffre du ciel
L’étincelant
éclat venu nous annoncer
La
fin. Le grand Retour. Le jugement dernier.
Dans
l’illusoire paix du village assoupi,
Loin
du fracas ferreux du monde abasourdi
Sous
l’épais édredon des ultimes mensonges
Inconscient
des démons acharnés qui le rongent,
J’entendais
se lever de silencieux appels.