mardi 24 janvier 2023

Entre deux eaux

 




 

Sur le lac immobile à petits pas légers

Descendent des nuées blanchâtres et discrètes

Dont le pâle reflet, dans l’azur dédoublé

Emplit mon cœur béant de présences muettes

 

Si vaste et si profond ce silence épanché

Dans la tiède lumière de l’été qui s’attarde

Sur la lisse surface et l’ombre des forêts

Depuis l’éternité m’attend et me regarde

 

Je revois d’autres eaux, dans mon pays lointain

Qui m’accueillaient enfant dans leur lisse fraîcheur

La rivière rapide aux remous incertains

Et la puissante mer à l’enivrante odeur

 

Le sud exubérant, les rochers, les couleurs,

Où débutait ma vie dedans la douce France,

Pouvais-je alors penser dans mon heureuse enfance

Qu’elle finirait ici, aux confins des malheurs.

 

Dans cette île nordique où tout s’est apaisé

Où s’écoulent mes jours, tout comme un chapelet,

Ou je vis pas à pas la profondeur des heures

Ou des vents éternels dispersent tous les leurres.