Sur le lac
immobile à petits pas légers
Descendent
des nuées blanchâtres et discrètes
Dont le
pâle reflet, dans l’azur dédoublé
Emplit mon
cœur béant de présences muettes
Si vaste et
si profond ce silence épanché
Dans la
tiède lumière de l’été qui s’attarde
Sur la
lisse surface et l’ombre des forêts
Depuis
l’éternité m’attend et me regarde
Je revois
d’autres eaux, dans mon pays lointain
Qui m’accueillaient
enfant dans leur lisse fraîcheur
La rivière
rapide aux remous incertains
Et la
puissante mer à l’enivrante odeur
Le sud
exubérant, les rochers, les couleurs,
Où débutait
ma vie dedans la douce France,
Pouvais-je
alors penser dans mon heureuse enfance
Qu’elle
finirait ici, aux confins des malheurs.
Dans cette
île nordique où tout s’est apaisé
Où s’écoulent
mes jours, tout comme un chapelet,
Ou je vis
pas à pas la profondeur des heures
Ou des
vents éternels dispersent tous les leurres.