Mystérieux frisson du vent léger qui passe
Murmures épars et frais qui jamais ne se lassent
De bercer le printemps sur le fleuve des ans,
Au creux des vertes soies des grands prés renaissants.
Rayons renouvelés de l’éternel enfant
Qui joue à naître encor pour mieux sembler mourir,
Tressant au fil des jours les longs cheveux du temps,
Emportant nos vies brèves qui se piquent d’agir
Et brillent rarement dans ses patients détours
D’un éclat assez vif pour en percer le cours
L’espace d’un instant.
Que ferais-je d’une vie qui ne finirait pas ?
Et cherchant à durer, égarerait mes pas,
Hésitants, maladroits, chancelants, apeurés
Dans les mornes lointains des heures déjà comptées
Que le vieillard égrène en lorgnant les accrocs,
Dans le tissu des jours, béant sur son tombeau.
Que laisser ici bas, quelle trace ténue,
Me suivra dans le noir, où je sombrerai nue,
Une bulle, une étoile, à travers l’infini,
De ténébreux ailleurs, de lointains paradis,
Quand mon corps au rebut, dans la terre allongé,
Ne pourra jamais plus se donner à l’été ?
Que verront mes yeux morts, que chantera ma bouche
Quand je pourrirai là, sur ma dernière couche ?
Mon cœur pourtant le sent, l’éternel nous attend,
Nous éclaire parfois de ses feux
étonnants,
Par les fenêtres bleues des instants découverts
Au revers du présent où notre temps se perd.