L’immobile clapotis des collines figées
Sous la lune penchée dans un azur désert
Borde l’orbe des champs aux frontières des nuées
Qui depuis le grand sud déferlent de la mer.
O long chemin du Rhône que nous avons tari,
Couloir bleu pour les vents filant de ville en ville,
Depuis Lyon, là haut, jusqu’à Pont-Saint-Esprit,
Et plus loin jusqu’en Arles, traînant toutes tes îles,
Je te suis du regard et du cœur te survole,
Je cherche les fantômes que ton lit décharné,
Laisse aux cris lancinants de la mouette folle ;
Ames depuis longtemps oubliées de ceux-là
Qu’au long travers des siècles leurs amours engendrèrent,
Ancêtres paysans, bateliers et soldats,
Bergers cousus d’étoiles aux grands manteaux sévères,
Pèlerins, troubadours, filles de peu, filles de roi,
Chevaliers et nonnains, marchands et lavandières,
Les innombrables vies de mes lointains aïeux
Qui pendant si longtemps ont irrigué la France,
Et vont avec le vent emporter jusqu’à Dieu
Les larmes et le sang dont n’ont plus souvenance
Ceux qui n’ont su garder le précieux héritage
Avec peine et ferveur légué du fond des âges.
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