dimanche 1 juillet 2018

Passages célestes















Le lac par bouffées souffle au ciel ses anges
Qui passent lumineux au dessus des forêts
Du monastère lointain les cinq bulbes dorés
Font aux rives des prés des étoiles étranges
Dans les creux du chemin des flaques dispersées
Ouvrent des yeux d’azur dans les plis de la terre
Se déployant froissés sous la brise légère
Et fauchant au passage de grandes fleurs dressées.
Les nuées dans le nord sont nos seules montagnes
Aux blancs sommets d’argent sur des pentes obscures
Que le vent déplaçant sur les vastes campagnes
Ébranle et démolit au travers des ramures.
Je me souviens de vous, collines cévenoles
Sous le soleil brûlant votre encens balsamique
Que me paraissent loin dedans vos herbes folles
Les gais coquelicots et leurs rondes comiques.

mardi 29 mai 2018

Le bonheur d’exister






Le bonheur d’exister, aquarelle fugace
Aux couleurs délavées que le temps nous dérobe
S’esquisse à chaque instant de notre course lasse
Des premiers clairs regards dans les plis de ta robe
Parfumée, chatoyante, ô merveilleuse Terre,
Jusqu’à ces derniers jours de la vieillesse amère
Qui nous laissent rêver aux souffles du printemps,
Hagards et suspendus en ce fixe moment
Où notre vie s’étire avant de s’effacer ;
Nous pouvons jouir enfin du soleil retrouvé
De notre enfance enfuie, des matins éternels :
Le vent qui passe encore et la fleur épanouie
Et l’astre accroché dans la nuit infinie,
Du lointain rossignol le mystérieux appel
Le chant méditatif et l’extase sereine
Qui met en notre cœur la douceur et la peine.

Qu’il est loin mon début, qu’elle est proche ma fin
Pourtant mon cœur profond n’a pas vraiment changé,
Secret noyau brillant dans le temps enchâssé
Que traversent, jouant, des courants très anciens
Et jeunes à jamais ou plutôt éternels
Dont le ressac irrigue encore notre réel.

O fillette éblouie sous les étoiles d’août
Des grands enchantements vestale émerveillée,
Tu croissais en dansant au rythme des marées
Qui brassaient en bruissant les cieux devenus fous
Sous l’effet de pensées cosmiques impénétrables,
De lueurs écorchées et de ténèbres sourdes,
Et tu guettais debout leurs mystères adorables
En suivant du regard cette débâcle lourde.

Et tu pensais partir au cœur de tout cela
Dans le brûlant vortex qui génère les mondes,
En la mer épousant les mouvements de l’onde,
En la terre cherchant l’écho bleu de tes pas
Ange féroce et tendre aux ailes refermées
Dont le sourire étrange au fil des années
S’étire et s’évanouit puis revient éblouissant
Nous dire en un éclair : prépare-toi, il est temps…