(A sœur
Ambrosia : le monde est en train de couler, mais il existe une arche
invisible, il y a ceux qui y entrent, et ceux qui n’y entrent pas).
Le monde s’ouvre en deux comme un crâne brisé
Et coulent les ténèbres, avec le sang versé,
Où se noient ensemble les bêtes et les gens
De peu nombreux coupables et beaucoup d’innocents.
Et tout est bien parti, comme on l’a raconté,
Si quelqu’un commence, tout le monde s’y met.
D’abord l’on proteste, puis ensuite on se tait
On n’a plus rien à dire, on ne sait que choisir
Prier ou se battre, rester ou bien s’enfuir.
Les ombres déchaînées ont trouvé leur visage,
C’est le vôtre, vous tous qui avez mis en gage
Votre âme petite chez le grand usurier
Qui jamais ne rendra ce que vous lui bradez
Contre l’argent pillé et contre un vain pouvoir
Une triste revanche. Et dans l’océan noir
Que si facilement vous avez soulevé,
Plus sûrement que nous demain vous sombrerez,
Et plus profondément, bouffons et viragos,
Assassins et voleurs, jusqu’au tréfonds des eaux.
Pleins de cris, de noirceur et de sinistre effroi
Vous n’emporterez rien dans votre tombeau froid
Que la grise charogne où votre âme a péri,
Squelettes habillés qui offensez la vie.
Et nous dont vous broyez les humbles destinées
Nous guettons sur la mer la grande arche invisible
Dont vous ne verrez pas la lumière épanchée,
Et nous irons dedans ses flancs insubmersibles
Avec tout notre amour, nos cœurs émerveillés,
Et peut-être aurons-nous alors, de vous, pitié.
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