mardi 29 mai 2018

Le bonheur d’exister






Le bonheur d’exister, aquarelle fugace
Aux couleurs délavées que le temps nous dérobe
S’esquisse à chaque instant de notre course lasse
Des premiers clairs regards dans les plis de ta robe
Parfumée, chatoyante, ô merveilleuse Terre,
Jusqu’à ces derniers jours de la vieillesse amère
Qui nous laissent rêver aux souffles du printemps,
Hagards et suspendus en ce fixe moment
Où notre vie s’étire avant de s’effacer ;
Nous pouvons jouir enfin du soleil retrouvé
De notre enfance enfuie, des matins éternels :
Le vent qui passe encore et la fleur épanouie
Et l’astre accroché dans la nuit infinie,
Du lointain rossignol le mystérieux appel
Le chant méditatif et l’extase sereine
Qui met en notre cœur la douceur et la peine.

Qu’il est loin mon début, qu’elle est proche ma fin
Pourtant mon cœur profond n’a pas vraiment changé,
Secret noyau brillant dans le temps enchâssé
Que traversent, jouant, des courants très anciens
Et jeunes à jamais ou plutôt éternels
Dont le ressac irrigue encore notre réel.

O fillette éblouie sous les étoiles d’août
Des grands enchantements vestale émerveillée,
Tu croissais en dansant au rythme des marées
Qui brassaient en bruissant les cieux devenus fous
Sous l’effet de pensées cosmiques impénétrables,
De lueurs écorchées et de ténèbres sourdes,
Et tu guettais debout leurs mystères adorables
En suivant du regard cette débâcle lourde.

Et tu pensais partir au cœur de tout cela
Dans le brûlant vortex qui génère les mondes,
En la mer épousant les mouvements de l’onde,
En la terre cherchant l’écho bleu de tes pas
Ange féroce et tendre aux ailes refermées
Dont le sourire étrange au fil des années
S’étire et s’évanouit puis revient éblouissant
Nous dire en un éclair : prépare-toi, il est temps…

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