vendredi 4 mars 2016

Donbass



Ils vivaient comme nous, travaillaient et mangeaient
Saluaient au matin le voisin, le facteur
Et croyaient comme nous qu’un pareil malheur
Ne pourrait, Dieu merci, jamais leur arriver.

Et quand les chars de fer roulèrent dans leurs rues
Ils ne crurent encore pas que c’était du sérieux,
Ils allèrent tenter d’arrêter à mains nues
Ceux qui venaient ainsi les agresser chez eux.

Mais c’était du sérieux, on leur tirait dessus.
Horrifiés, indignés, ils criaient et juraient,
Ou bien, les bras levés, ils invoquaient Jésus
Devant le museau vert de ces dragons d’acier.

Puis le feu, le phosphore, les balles et les bombes
Et les bourreaux brutaux aux stupides yeux froids,
Les chassèrent ébahis dedans les catacombes
Pour encore un moment échapper au trépas.

Leur vie n’avait soudain plus aucune valeur
D’hier jusqu’à demain, une suite d’instants
Cette jolie maman et son bébé rieur
Fauchés sur le chemin gisent dedans leur sang.

En un éclair périssent ceux qu’on aimait si fort
Qui donnaient à la vie son sens et son essor
Abattus sans pitié par les équarisseurs
Des retors usuriers et des marchands d’horreur
Qui firent cet holocauste à leur sombre seigneur.

Donbass, métallurgie, ferraille,
Mines de charbon, prolétaires,
Ces petites gens qui travaillent
Dans une morne fourmilière,

Tu ne nous fais pas rêver…
Pourtant de ce simple terreau
Surgissent ces anciens héros
Qu’on voit le sabre levé,
Sur les images du passé,
Avec les croix et les bannières,
Garder leur foi, et puis leur terre…


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