lundi 24 septembre 2012

Ballade égarée

Dans la plaine de Pierrelatte photo de l'auteur
























Voici venir la fin de sa vie, de la mienne,
De tout ce qui chantait, ici bas dans la plaine,
Autour de ce grand mas que nous avons vendu
Et que je vois de loin, solitaire et perdu,
Tel un navire hagard dont s’est brisé le mât
Braver le vent d’hiver et ses milliers de voix
Qui crient à mes oreilles et qui crient par ma bouche
Qu’elle s’en va très bientôt là où les morts se couchent.
 J’avance en trébuchant dans le jour bousculé
Par le furieux mistral qui se déchaîne et passe
 Je crie et je hurle aux échos écharpés
Des ombres rapides glissant à sa surface.

Alentour rugissent de grands lions d’air froid
Qui rôdent bondissant et  chassant ça et là.
Près de moi mugissent de grands taureaux d’air bleu
Qu’entraîne vers le sud la chevauchée des cieux.

D’un chêne écartelé fusent des oiseaux noirs
Sur le cours des nuées jetant leur vol épars
Dans mes yeux l’air glacé comme un glaive tranchant
Lance de longs éclairs jusqu’à mon cœur battant.

A mes côtés la mort marche de son pas lourd
Comme un cheval lâché sur les plis des labours
Dont le sabot fatal en claquant sur la terre
Dérobe au vaste ciel l’azur et la lumière.

O ma si brève vie dont elle fut le berceau
Voici qu’en ton déclin tu la suis au tombeau
Qu’est-il donc advenu des espoirs et des rêves
Des chimères de gloire et d’amour, de bonheur,
Seule dans la soie du monde et sa lisse splendeur
Que n’as-tu donc mûri comme le pain qui lève
La semence éternelle en la morne douleur?


Pierrelatte 2012

2 commentaires:

  1. chère Laurence , cela fait longtemps que je ne suis allée sur ton blog .
    Je lis ces mots si beaux et douloureux.
    J'espère que le mieux sortira de ce passage difficile..
    amicalement
    agnès

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