mardi 1 novembre 2011

Une île, à Vanves


Au dehors la banlieue, banale et grisonnante,

Sous le crachin léger alignant ses toitures,

Au-dedans les icônes, colorées et luisantes,

Et les cierges fleuris flambant sous leurs dorures,

Trois moines élimés, quelques vieilles princesses

Qui n’avaient plus de quoi s’habiller pour la messe,

Depuis longtemps déjà. Dans ses voiles de deuil,

Madame Koutirina, venait nous bénissant,

Plus vraiment de ce monde, un pied dans le cercueil,

L’esprit déjà fané mais le cœur rayonnant.

Dans son fauteuil trônait notre énorme Marquise,

Pareille à ces poupées qui coiffent les théières,

Avec ses ronds yeux bleus dedans ses rides grises,

Ses gros doigts déformés par sa vie de misère.

Sur les chevrotements d’un chœur microscopique,

Tentant de restaurer les fastes de la Cour,

Un vaillant soprano, comme à Saint-Pétersbourg,

Jetait des cris flûtés de rossignol étique.

Se tenant accoudé près du lutrin de bois,

Le père Serge attendait ceux qui venaient à lui,

Les invitant du geste et d’un doux regard bleu

A se laver le cœur pour mieux recevoir Dieu.

Avec ses cheveux blancs, dans ses blancs vêtements,

Il gardait le silence et  brillait simplement,

D’un feu calme et constant, comme un cierge qui luit.  

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