Brumes garnies de soir
et de doux flocons blancs,
Au front gris de
l’église dérivant doucement
Dans le pâle brouillard
de l’hiver en prière,
Vitres bleues
s’incrustant dans le froid béton rose
Au lit des nuées mauves
la lune se repose,
Les feux crus de la
ville trouent ses marges d’argent.
Pas à pas cet
errant cherche un banc froid par là,
Un banc froid pour
mourir loin de tous ces gens plats,
Face à l’ange dressé qui
d’un revers de bras
Sabre aux abords du
fleuve les nœuds des avenues
Brillantes et cabrées,
puantes et têtues,
Longs serpents
bigarrés, émissaires du diable,
Jetant dans la fumée des
gueules innombrables.
Par-dessus tout cela,
une étoile fugace
Bat au ras de la nuit,
comme un cœur dans la glace,
Seule, pure et lointaine,
brillante, inaccessible,
Sonne au fond de l’abîme
notre glas inaudible.
Où s’en va ton esprit,
O vagabond transi,
Qu’a-t-il pris avec lui
Dedans ton cœur
meurtri ?
Que s’est-il donc passé
Qui t’a ainsi jeté,
Dessus ce banc glacé,
Face au ciel absolu,
Que tu ne verras
plus ?
Fais encore quelques pas
Pour trouver dans mes
bras,
Les braises du foyer
Que j’ai su y garder,
A l’endroit de mon sein
Que tu figeas soudain
D’un regard trop
lointain,
Refais donc ce chemin
De ton cœur jusqu’au
mien.
Nos tristes lendemains
Ne chantent vraiment
plus,
Et nous voici très nus,
Face à la mort qui
vient.
Moscou
2009
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