Tu t’en vas dans la nuit,
En cherchant derrière toi
Du soleil d’autrefois
Le reflet qui s’enfuit.
Et petit à petit,
La nuit mêle les cartes
De ce jeu qui finit,
Les jette et les écarte.
Tous les moments jolis
De la vie qui s’écoule,
De lundis en lundis
Notre avenir s’éboule.
L’enfance, la jeunesse,
Les maris, les enfants,
Le deuil des parents,
Le seuil de la vieillesse.
Et celui de la mort,
Dont on voit les degrés
Qui descendent au port
Où le navire est prêt.
Et nous montons à bord
Et déjà le rivage
Dans les brumes de l’âge
S’efface et disparaît.
Et tu ne vois plus bien
Qui reste sur le quai
Ou qui vient te chercher
Pour t’emmener au loin
Ni de qui sont les ailes
Qui battent alentour
De tes jours qui chancellent
Et passent sans retour.
Mais toutes trois bercées autrefois dans la mer,
Nous tenant par la main dans l’éclat des flots
clairs,
Nous dérivions joyeuses.
Sous le soleil ardent et les légers nuages,
Tes yeux dans ton visage
Tendres et bleus messages
Te disaient très heureuse.
« Je n’oublierai jamais, déclaras-tu soudain
Ce moment de bonheur parfait qui nous
advint. »
Mais tu l’as oublié et ton regard inquiet
De ta vie ne voit plus que les nombreux chagrins.
C’est dans une autre mer, dans une autre lumière
Que bientôt toutes trois nous glisserons enfin
Sous un autre soleil qui jamais ne s’éteint,
Et sous d’autres nuées, plus blanches et plus
altières,
Nous nous retrouverons ensembles à jamais,
Ceux que tu vois venir depuis l’autre côté
Et nous qui restons là pour quelques temps encor
A faire nos bagages en attendant la mort.
Laurence
Guillon Pierrelatte 2012
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