Sous son triste étendard, endormie
dans ses ruines,
La ville nonchalante et déserte
rumine
Le souvenir latent de son charme
passé,
Et celui plus cuisant des crimes
inexpiés.
Paysans et marchands, prêtres et
officiers,
Mêlant leurs sangs divers dans les
mêmes fossés,
Hantent encore parfois ces rues
mélancoliques,
Où leurs maisons blessées ont laissé
ces reliques.
Et l’on pourrait saisir, dans le cri
des mouettes,
Les plaintes déchirées des filles
assourdies,
Qui couraient sur la grève après
toutes vos têtes,
O guerriers fauchés par des lames
salies.
Dans les rues sans issue glissent
des pas d’enfants,
Cherchant les cailloux blancs des
destins saccagés.
Ils lèvent au ciel vide des yeux
exorbités,
Guettant les messagers des espaces
béants.
Aux fenêtres des ans, leur jeunesse
se lasse,
Sans porter de fruits d’or ni déployer
ses ailes,
Leurs lendemains sont sourds et leur
présent se casse,
L’éternité s’enfuit loin de leurs
âmes frêles.
Il est temps de sourire aux anges de
passage,
Qui traversent brillants les
gouffres de la nuit,
Il est temps d’appeler de tous vos coeurs
flétris,
Les lumineux oiseaux qui portent
leur message.
J’entends leur bruissement et je
suis leur trajet,
A travers notre bruit, leur silence
fatal,
Sous la suie de nos jours, leurs
radieux secrets
Dont nous avons souvent perçu
l’éclat si mal.
Quand la chair de la vie fondra dans
le néant,
De trouver des issues il ne sera
plus temps,
Des ombres, des esprits, des démons et des anges,
Rien ne cachera plus les présences
étranges.
Les animaux errants, cherchant leurs
maîtres morts,
Les beaux arbres tranchés et les
fleurs piétinées,
Surgiront à nouveau sur les quais de
ces ports,
Où titubent sans but les âmes
aveuglées.
Elles se souviendront, levant haut
leurs grands bras,
Des danses égarées sur les places
sanglantes,
Des discours insensés, des fêtes
indécentes,
Des églises brûlées sous des cieux
pleins d’effroi.
Je me souviens d'un figuier malingre cramponné entre deux pierres. Trajet SNCF Toulouse/Nice. J'y rejoignais mes parents. C'était il y a longtemps. Votre poème chuchote des bribes de ce voyage. Depuis lors ce figuier fugueur me tient compagnie tel un ange de passage. C'est drôle ! Bien à vous Jos
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