Tortueux et dressés comme les bois fossiles
De cervidés géants qui cheminent sous terre,
Des platanes étirent leurs grands bras en prière,
Et dans la pluie battante se bousculent et défilent.
Je vais sur la grand route où saignent des lueurs,
Où passent en grondant des camions ténébreux.
Et j’écoute au travers du bourdon des moteurs,
De vibrants carillons, graves et mystérieux.
Et le jour qui se lève, dans le brouillard noyé,
Révèle au bord des champs de vagues constructions,
Aveugles et bizarres au revers des cyprès
Qui guettent mon trajet dans leurs sombres haillons.
J’entends chanter matin ces voix d’anges virils
M’apportant le reflet des offices sacrés,
Et les douces étoiles que les cierges éclairés
Jetaient dans les vapeurs de l’encens volatil.
Je me souviens de toi, Moscou sainte et dorée,
Si souvent profanée mais toujours en prière,
Que si je t’oubliais, à mon âme damnée,
Ne resterait plus rien qu’une tombe étrangère.
Je me souviens de toi, Moscou sainte et dorée
Si souvent profanée, mais toujours en prières,
Que jamais ne t’oublie mon âme abandonnée,
Dans le cœur des églises réfugiée toute entière.
O miracle précieux de tes doux sanctuaires,
Dans leurs atours brodés et leurs diadèmes d’or,
Au pied du béton gris et des cages de verre
Qui les cernent et les guettent, sentinelles de la mort.
Parmi ces hauts sépulcres bandés vers les nuages,
Ils déroulent encore processions et bannières
Timides survivants des rites d’un autre âge,
Témoignant aujourd’hui de la grâce d’hier.
Pierrelatte et Moscou 2011
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