Dans la plaine de Pierrelatte photo de l'auteur |
Voici venir la fin de sa vie, de la mienne,
De
tout ce qui chantait, ici bas dans la plaine,
Autour
de ce grand mas que nous avons vendu
Et
que je vois de loin, solitaire et perdu,
Tel
un navire hagard dont s’est brisé le mât
Braver
le vent d’hiver et ses milliers de voix
Qui
crient à mes oreilles et qui crient par ma bouche
Qu’elle
s’en va très bientôt là où les morts se couchent.
J’avance en trébuchant dans le jour bousculé
Par
le furieux mistral qui se déchaîne et passe
Je crie et je hurle aux échos écharpés
Des
ombres rapides glissant à sa surface.
Alentour
rugissent de grands lions d’air froid
Qui
rôdent bondissant et chassant ça et là.
Près
de moi mugissent de grands taureaux d’air bleu
Qu’entraîne
vers le sud la chevauchée des cieux.
D’un
chêne écartelé fusent des oiseaux noirs
Sur
le cours des nuées jetant leur vol épars
Dans
mes yeux l’air glacé comme un glaive tranchant
Lance
de longs éclairs jusqu’à mon cœur battant.
A
mes côtés la mort marche de son pas lourd
Comme
un cheval lâché sur les plis des labours
Dont
le sabot fatal en claquant sur la terre
Dérobe
au vaste ciel l’azur et la lumière.
O
ma si brève vie dont elle fut le berceau
Voici
qu’en ton déclin tu la suis au tombeau
Qu’est-il
donc advenu des espoirs et des rêves
Des
chimères de gloire et d’amour, de bonheur,
Seule
dans la soie du monde et sa lisse splendeur
Que
n’as-tu donc mûri comme le pain qui lève
La
semence éternelle en la morne douleur?
Pierrelatte
2012
chère Laurence , cela fait longtemps que je ne suis allée sur ton blog .
RépondreSupprimerJe lis ces mots si beaux et douloureux.
J'espère que le mieux sortira de ce passage difficile..
amicalement
agnès
Merci, moi non plus, je n'y suis pas allée souvent!
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