Qu’est-il
donc advenu du lointain ruisselet
Le
long duquel jadis j’allais me promener
Des
jaunes pissenlits dedans le tendre pré
Où
son long corps glissant coulait en murmurant
Sous
la voûte écharpée des peupliers d’argent ?
De ces
nuages blancs comme des agnelets
Qui
dans l’azur profond couraient et gambadaient
Et
du vent qui passait dans mes cheveux d’enfant,
Dans
la jupe à carreaux de ma jeune maman ?
Celle-là
qui m’ouvrait le chemin de la vie
Me
précède à présent sur celui de la mort.
Le
fil qui toutes deux à jamais nous relie
Ne
pourra retenir son pâle esquif au port
D’où
nous appareillons sur l’éternelle mer
Dans
la brume roulant ses vagues séculaires.
Laissée
sur la grève pour quelques temps encor
En
attendant mon tour, que deviendrai-je alors ?
Ne
me resteront plus que des souvenirs clairs
Et
de tendres regrets et de cuisants remords.
Que
n’ai-je restitué cet amour bien trop grand
Qu’elle
nous dispensa, sans compter, si longtemps ?
Que
n’ai-je réchauffé dans son esprit détruit
Son âme qui craignait la tombée de la nuit ?
Que
n’ai-je su chasser les démons embusqués
Derrière
ses visions, ses absurdes terreurs ?
Que
n’ai-je réprimé les sursauts révoltés
De
cet amour de soi qui nous rend si rageurs
Devant
nos vieux parents retombés en enfance
Et
venus gâcher là nos dernières années
Avec
le poids ingrat de leur triste existence ?
Et
pourtant cette croix, il fallait la porter,
Sans
faillir avec foi et toute la patience
Que
l’Amour absolu mit à nous rédimer.
Hélas,
je ne le puis et devant ma faiblesse,
A
ta compassion, mon Dieu, je m’en remets,
Je
te confie mon âme et la sienne sans cesse,
Quand
mon irritation fait place à la tristesse
De
nous voir ici-bas séparées désormais
Par
les masques divers que revêt sa démence.
Pierrelatte
2012
Bonjour chère Madame,
RépondreSupprimerC'est une grande émotion de lire votre très émouvant poème qui j'en suis sur fait vibrer le ciel et chante à l'oreille du Divin.
Continuez comme le ruisselet à faire chanter vos mots.
Très amicalement
Bonjour cher monsieur,
RépondreSupprimerje suis touchée et très contente d'éveiller en vous un tel écho! J'ai toujours pressenti que la poésie correspondait à mon tempérament, mais au vu de mes premières tentatives, une personne proche m'avait déclaré que mes vers étaient nuls et il m'a fallu presque 20 ans pour réitérer!