vendredi 9 décembre 2011

La chèvre des voisins


Leur maisonnette bien tenue

Se cachait derrière les feuillages

Qui couraient le long de la rue

Jusqu’à la sortie du village



Dès l’aube dans leur potager,

Sourds et muets et même aveugles,

Ils venaient déjà s’affairer

Et se pencher sur la terre meuble.



Puis ils menaient la chèvre au pré

Et la laissaient parmi les fleurs

Qui brodaient de tendres couleurs

Les grands plis verts de ses drapés.



Le vent du midi somnolent,

Jusqu’aux longues forêts couchées

Traînait ce riche vêtement,

Sous la dérive des nuées.



Glissant très haut dans le ciel clair,

Toutes voiles blanches carguées,

Elles voguaient à la mi-journée,

Comme des bateaux dessus la mer.



Puis quand  paraissait le croissant,

 Le vieux s’en venait la chercher,

Elle le suivait humblement,

Petite reine des beaux étés.



Quand mourut la vieille le bonhomme

Donna la chèvre à un voisin

Puis s’en alla mourir en somme

Sans se soucier de son destin.



Sans elle le pré n’a plus de centre,

Et la maison n’a plus de cœur.

Et c’est en vain que dans son antre,

Le soleil joue avec les fleurs






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