Leur maisonnette bien tenue
Se cachait derrière les feuillages
Qui couraient le long de la rue
Jusqu’à la sortie du village
Dès l’aube dans leur potager,
Sourds et muets et même aveugles,
Ils venaient déjà s’affairer
Et se pencher sur la terre meuble.
Puis ils menaient la chèvre au pré
Et la laissaient parmi les fleurs
Qui brodaient de tendres couleurs
Les grands plis verts de ses drapés.
Le vent du midi somnolent,
Jusqu’aux longues forêts couchées
Traînait ce riche vêtement,
Sous la dérive des nuées.
Glissant très haut dans le ciel clair,
Toutes voiles blanches carguées,
Elles voguaient à la mi-journée,
Comme des bateaux dessus la mer.
Puis quand paraissait le croissant,
Le vieux s’en venait la chercher,
Elle le suivait humblement,
Petite reine des beaux étés.
Quand mourut la vieille le bonhomme
Donna la chèvre à un voisin
Puis s’en alla mourir en somme
Sans se soucier de son destin.
Sans elle le pré n’a plus de centre,
Et la maison n’a plus de cœur.
Et c’est en vain que dans son antre,
Le soleil joue avec les fleurs
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